La musique, il la vit plus qu’il n’en vit. Avec son air débonnaire et sa démarche d’ado, Pagano ne ressemble en rien à l’idée qu’on se fait d’un DJ branché et reconnu. Passionné par son travail, qu’il considère plus comme un jeu, Pagano parvient aussi à captiver son auditoire par la façon passionnée de parler de ses mixes.
Pagano est désormais une institution dans le clubbing gay international. Comment en es-tu arrivé là ?
C’est avant tout beaucoup, beaucoup de travail. Il y a une grosse compétition chez les DJ, notamment à Londres. L’idée est donc de marquer sa différence, de mettre sa griffe sur son travail. Le fait de produire des tracks m’a probablement beaucoup aidé à être connu du grand public. J’aime bien la funky house et j’essaie toujours de prendre des risques dans mes mixes. En somme, je tente d’aller vers des sons très différents de ce qu’on peut entendre ailleurs.
Quelle est, pour toi, la meilleure soirée gay du moment et pourquoi ?
En terme d’événement régulier, la Démence à Bruxelles reste assurément la meilleure car les clubbers sont très réceptifs. En France, j’ai beaucoup aimé la Salvation au Mix Club. Et d’une manière plus générale, j’apprécie vraiment ce qui se fait aux États-Unis.
Trouves-tu que Paris manque de soirées gays de qualité ?
Il y a énormément de compétition à Paris et les organisateurs de soirées sont souvent les mêmes depuis des années, laissant peu de place aux petits nouveaux. Mais je trouve que l’Under ou l’Ultra sont des soirées – ou plutôt des afters – de très bonne qualité.
Que penses-tu de la consommation de drogue dans certaines soirées ou afters gays ?
C’est une question délicate. Pour ma part, je ne condamne pas mais n’incite pas non plus à prendre des drogues. Je pense que la musique et la drogue sont finalement deux choses intimement liées. Elles forment comme un binôme. Sans drogue la plupart des musiques n’existeraient pas, à l’instar du rock ou du reggae…
Qu’est-ce que t’inspire le phénomène Offer Nissim ?
Je pense que c’est un mec qui a su s’entourer d’une superbe équipe. Du manager en passant par l’ingénieur du son ou par son équipe de communication, tout est calibré au millimètre près. Je respecte vraiment cela. Mais cette musique n’est pas faite pour moi. C’est un peu trop commercial à mon goût…
Si tu n’avais pas été DJ, qu’aurais-tu fait de ta vie ?
Eh bien, comme j’ai toujours été attiré par les médias et la bonne bouffe, j’aurais probablement travaillé pour une revue gastronomique !
Être DJ à ton niveau, c’est quelque chose de rentable ?
Oui, clairement. Autant j’ai galéré au début, autant maintenant ça marche bien pour moi. J’ai la chance d’avoir pu me faire une place aussi bien dans le clubbing hétéro, notamment auprès de Mauro Picotto, que dans le clubbing gay.
C’est quoi la Pagano’s touch ?
C’est le fait de savoir s’adapter à chaque endroit et à chaque public. Je prends autant de plaisir à jouer au Skandalo à Bordeaux qu’à l’Alegria à New York.
Quels sont tes projets à venir ?
J’ai une nouvelle compilation qui va sortir cet été. Ce sera un mélange de progressive et de old school house. Quelque chose d’assez novateur au fond.
Par Grégory Moreira Da Silva