Sportif depuis toujours, Mikaël Fau aborde la danse à vingt-deux ans. Il connaît dès lors un parcours d’une impressionnante variété et met aujourd’hui, à trente-trois ans, ses qualités de danseur et de comédien au service de « Tutu », spectacle très réussi des Chicos Mambo à l’affiche de Bobino. Dans ce panorama très humoristique des divers styles de danse signé par le chorégraphe Philippe Lafeuille, Mikaël Fau nous offre une panoplie de ses multiples talents. Tout en prenant le temps de répondre à nos questions.
Mikaël, comment résumerais-tu ton parcours en quelques phrases ?
Gymnaste depuis l’âge de six ans, j’ai commencé la danse à vingt-deux ans à Tarbes. J’ai ensuite intégré le Centre de Danse James Carlès à Toulouse pendant deux ans. Suite à cette formation, j’ai collaboré avec la Compagnie L’Hélice/Myriam Naisy avant de travailler sur des opéras avec le ballet du Capitole.
J’ai rejoint Paris il y a six ans sur la comédie musicale « Les Aventures de Rabbi Jacob ». Je suis parti ensuite sur la production« Freej Folklore » à Dubaï. De retour en France, j’ai travaillé en 2010 sur les spectacles « Roméo et Juliette » et « My Fair Lady » avant de participer en 2012 à « 1789, Les Amants de La Bastille » mis en scène et chorégraphié par Giuliano Peparini
Belle diversité !
Oui ! J’ai toujours essayé d’avoir la palette la plus large possible. Il y a du bon à prendre partout. En 2012, j’ai beaucoup aimé aborder le travail de la théâtralité du corps dans la danse avec la Compagnie Dans6t sur la création « Altérité » mené par Bouziane Bouteldja et Coraline Lamaison. J’ai compris alors que j’avais une vraie attirance pour le jeu. Aujourd’hui, je peux prolonger cette expérience avec les Chicos Mambo…
… qui du coup résument bien l’ensemble des domaines dans lesquels tu as pu travailler !
Exactement. Pour le danseur bon vivant que je suis, rien de tel que « Tutu » où nous faisons voyager les gens d’une émotion à une autre en nous moquant (toujours gentiment et avec une grande bienveillance) des différents codes de la danse.
Comment s’est passé le travail avec Philippe Lafeuille ?
Philippe fonctionne par images. Il a des choses précises en tête mais il laisse toujours la possibilité au danseur d’exprimer ses idées. Avec lui, le travail est agréable, tout se passe dans le calme ! Il nous a également aidé à avoir confiance en nous et en nos gags…répéter un spectacle de type comique sans public n’est pas ce qu’il y a de plus évident !
Revenons sur ton parcours : pourquoi avoir commencé par la gymnastique ?
Plutôt du genre hyperactif quand j’étais enfant, mes parents cherchaient une activité où il m’était possible d’évacuer mon trop plein d’énergie. La gymnastique a été une révélation. Après plusieurs années de pratiques, j’ai progressivement délaissé les agrès pour les arts martiaux. La danse n’est arrivée dans ma vie que tardivement lorsque j’ai rencontré à Tarbes, Hervé Rumeau. Une belle rencontre !
Tu es très athlétique…n’est ce pas parfois gênant pour un danseur ?
Je dois mon physique à ma formation de gymnaste. Cela m’a un peu gêné au début, mais le travail de la danse a allongé mes muscles. Si je me rapporte à mes entrainements de gymnastique, la danse est une manière de pratiquer et d’aborder le mouvement bien différente ! Aujourd’hui, je prends de manière quotidienne des cours avec Peter Goss qui me fait travailler en douceur. Les progrès sont rapides car je ne vais jamais à l’encontre de mon corps.
Garder une excellente forme reste l’une des choses difficile de ce métier je présume ?
Il m’arrive de ne pas toujours avoir envie de me lever tôt pour aller en cours le matin. Malgré tout, cette hygiène de vie est indispensable. Prendre des cours tous les jours me permet d’aller plus loin dans la qualité de mes mouvements sur scène mais aussi de prévenir les éventuelles blessures. Et il vaut mieux être en forme car « Tutu » appelle une performance très intense.
Comment s’est passé le casting de « My Fair Lady » que le public a adoré au Châtelet ?
Nous avons été auditionné sur différentes chorégraphies de Lynne Page dont une réalisée sur la célèbre « Get Me to the Church on Time ». Elle nous a donné des intentions de jeux où il fallait être à la fois gais et un peu saouls. J’aime bien m’amuser sur scène aussi je me suis senti plutôt à l’aise. D’ailleurs, aujourd’hui, je vais aux auditions de plus en plus détendu. Si je ne suis pas sélectionné, je n’ai pas le sentiment de devoir remettre la qualité de mon travail en question car nous ne pouvons pas correspondre à tous les projets.
As-tu conscience que le métier de danseur peut-être assez court ?
Je reste persuadé que l’on peut danser tard si l’on adapte son travail et si l’on respecte son corps. Le chorégraphe Mats Ek a plus de soixante ans, il danse toujours avec sa femme et cela fonctionne très bien. Peu importe que l’on ne lève plus la jambe aussi haut qu’avant, la maturité et l’expérience apportent bien d’autres choses.
La chorégraphie est un domaine qui t’attire vraiment ?
Oui, vraiment ! J’ai créé il y a quatre ans dans le sud ARTS65, une association avec laquelle j’ai organisé un festival (« Les Estivales de la Danse de Tarbes ») qui me permet d’inviter des artistes que j’ai rencontrés et dont le travail m’intéresse. En vue de la dernière édition, en juillet 2014, j’ai travaillé toute une année durant avec dix jeunes danseurs amateurs et un groupe de chanteurs polyphoniques, « Vox Bigerri ». Je travaille aussi pour des projets alliant vidéo et danse ainsi que pour l’évènementiel.
Le Sud te manque ?
J’y reviens régulièrement pour me ressourcer, retrouver la famille, respirer le bon air des Pyrénées. La plupart de mes activités se passent en région parisienne mais le travail m’appelle aussi sur Tarbes, du coup, je me partage quand c’est nécessaire.
Je dessine pas mal, j’écoute beaucoup de musique et je joue de la guitare. Je passe bien sûr beaucoup de temps avec mes amis, je vois de nombreux spectacles et j’espère pouvoir bientôt me mettre au kite-surf… (pour ça il faudra m’éloigner de la ville)… Bref, je profite de la vie !
Propos recueillis par Philippe Escalier – Photo Kriss Logan
Plus d’infos sur www.mikaelfau.com
« Tutu » se joue à Bobino : 14-20 rue de la Gaité 75014 Paris
Jusqu’au 31 décembre 2014 du mardi samedi à 19 h
Une matinée à 16 h le dimanche 7 décembre 2014 – 01 43 27 24 24